15 septembre 2022 4 15 /09 /septembre /2022 08:27
 
le 9 juin 1944
         
 
Le 9 juin 1944, à Tulle, après les avoir choisis au hasard,
les SS ont pendu 99 otages aux balcons et aux réverbères de Tulle.
321 captifs supplémentaires ont été déportés en Allemagne.
 
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le 8 juin 1944, la division blindée SS Das Reich

qui se dirigeait vers le lieu du débarquement pour prêter main forte

à l’armée allemande, entre dans Tulle libérée par les maquis F.T.P.

(Francs Tireurs et Partisans).
le 9 juin au petit matin, les SS prennent en otage des centaines

d’hommes et les rassemblent dans la manufacture.

Après un tri absurde et arbitraire qui durera des heures,

99 hommes de 17 à 42 ans

sont pendus aux balcons de la ville dans un climat de terreur

 sous les yeux de la population,

149 hommes sont déportés

dont 101 ne reviendront pas des camps de concentration.

le 10 juin au matin la même division prend

le chemin d’Oradour sur Glane.
Ces hommes n’ont pas été les seules victimes.

Le 7 juin, 18 gardes-voies avaient été assassinés

à bout portant par l’armée allemande

et le 8 juin, 6 maquisards tués par la Das Reich à Pounot de Laguenne

lors d’une expédition de nuit décidée par l’Armée Secrète.

 

 

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«Elle fut longue, la vérification de papiers.

Je voyais, de loin, là-bas,devant la direction de l’établissement,

un groupe confus : les autorités de la ville mêlées aux uniformes allemands.

On distinguait vaguement la formation de trois groupes :

 l’un à droite, l’autre à gauche, et quelques isolés, dans le milieu.

À quoi répondait ce classement ?

Mystère encore. « Walter », le chef de la Gestapo, interrogeait,

examinait les papiers qu’on lui tendait, puis, d’un geste de son index,

envoyait l’interpellé dans la colonne du milieu.

Il faisait les réflexions les plus inattendues, les plus saugrenues :

« vous êtes bien mal rasé, bien mal ciré.

D’où sortez-vous cette capote ?

Vous auriez pu la faire teindre ».

Certains étaient appréhendés plusieurs fois puis abandonnés.

D’autres étaient envoyés dans la colonne du milieu puis revenaient.

Le Maire, ou plutôt le président de la délégation spéciale,

dressant sa silhouette sur le milieu de la chaussée, annonça :

« Pour que la vie reprenne en ville, sortez …les employés de préfecture … »

ils se rangèrent sur la route « les employés de mairie »,

ils se mirent à la suite…; « les employés des P.T.T…., du gaz…,

les électriciens » (lesquels ? marchandages) ;

« les chefs d’ateliers, sous-chefs, agents de maîtrise

de la Marque, de la Manufacture »…

 (des mots plus ou moins techniques furent prononcés),

« les entrepreneurs, les bouchers, les boulangers, les épiciers,

les maraîchers, les pompiers, les services des eaux,

les services du ravitaillement, les services financiers,

les services des colonies de vacances, les garagistes (peut-être) »…

« les docteurs, les pharmaciens, etc ».

 

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Un choix au petit bonheur.

Travail fait rapidement, en vitesse.

Il y eut certes des oublis, des erreurs dans les deux sens….
Pour que la vie reprenne en ville ?

Quelle dérision !

C’était sans doute pour que la vie reprenne en ville qu’on avait

accroché des cordes aux potences et aux balcons.

Mais cela, nous ne le savions pas encore…

Nous restions 600 au maximum.

Quels étaient ces hommes ?
C’étaient des hommes dont on n’avait pas besoin pour que la vie reprenne :

 

êtres inutiles, parasites, douteux, donc suspects.

C’étaient des jeunes ; les jeunes n’ont, en général,

pas de situation : ils sont écoliers, élèves,étudiants, apprentis.
Il y avait aussi beaucoup de vieux de plus de 50 ans…

Ces hommes étaient des ouvriers, des artisans, quelques fonctionnaires

inutiles sûrement des terroristes ! …
Sur la place de Souilhac, cette foule compacte avait confiance.

Ils étaient si nombreux.

N’étaient-ils pas là, tous des hommes libres, égaux, des frères ?

Ah ! Malheureux !

Vous aviez oublié qu’une révolution avait balayé tous ces mots.

Egaux ?

Pas même devant la mort.

On allait vous le montrer dans quelques instants.

Et le tri avait commencé»

Antoine Soulier *, « le Drame de Tulle »

 

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* Instituteur à Tulle, raflé avec son fils Auguste qui sera pendu.

Il écrira au sortir des terribles journées de juin 1944

l’ouvrage « Le Drame de Tulle »,

référence majeure et incontournable de ces évènements

car il sera le seul à cette époque, à recueillir aussitôt les témoignages

directs et précis d’un grand nombre de familles de victimes.

Il faudra d’ailleurs attendre le 50e anniversaire en 1994

 pour que les familles aient la possibilité de s’exprimer à nouveau.

 

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Oui, nous Limousins,  nous voulons garder vivante

la mémoire de ces 99 hommes exécutés sans raison un après-midi de juin.

Nous voulons garder vivante la mémoire des 149 habitants

de Tulle déportés à Dachau, dont 101 disparurent.

Nous voulons nous souvenir et rendre hommage.

Oui, le martyr de Tulle est bien l'une de ces étapes brutales

dans la naissance du destin européen.

Pour que pareille douleur ne se renouvelle jamais,

pour qu'aucun de nos enfants n'ait à revivre l'épreuve de la barbarie,

rappelons-nous sans cesse que nos amis,

nos familles ont affronté il y a soixante ans l'irréparable.

« En France, le nom d’Oradour sur Glane est familier même

à ceux qui ne savent pas exactement ce qui s’est passé.

À la libération, Oradour est devenu d’emblée un symbole

de la barbarie nazie et a suscité un travail d’histoire et de mémoire,

des articles, des ouvrages, un musée qui deviendra

plus tard centre de la mémoire.

Oradour est dans les manuels scolaires.

Tulle a échappé à la mémoire nationale.

Pourquoi ?

Peut-être est-ce dû au fait que les Tullistes ont assisté au martyr

des leurs après un processus de tri.

Je crois qu’il n’y a rien de plus avilissant que de trier les futures victimes

devant leurs proches, de sélectionner ceux qui resteront en leur laissant

la culpabilité inconsciente d’avoir pris la vie d’un autre.

Peut-être faut-il aussi prendre en compte la différence de statut plus

ou moins consciente entre la mort par le feu, quasi sacrificielle

et « purificatrice » et celle par pendaison,

souvent perçue comme infamante et « basse »

dans de nombreuses civilisations dont la nôtre.

Il est troublant de constater que le poids du silence peut envahir

tout l’espace de communication collective :

silence dans les familles,

silence sur la place publique,

silence dans tout le pays.

 

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 Merci Momo et Flo ainsi que Jean pour se documentaire

m-lise


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